Osart, l’art du recyclage

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Faire de l’art utile, créer en recyclant, c’est le leitmotiv de cet artiste. Il utilise tous les matériaux à sa disposition pour sculpter, peindre et graffer. Rencontre avec Mickaël, dit « Osart », artiste Rennais.

L’interview aura lieu chez lui, car c’est les vacances et Osart doit assurer son rôle de papa. Son appartement est équipé presque entièrement de meubles en récupération. Ses œuvres sont présentes partout. Le mobilier a été customisé avec des formes géométriques et colorées : la table basse, un tableau au mur, une commode massive…

Tu peux te présenter ?

Alors, d’un côté, j’ai ce que j’appelle mon activité personnelle : les œuvres que je fais en matériaux recyclés. Je fais de la customisation de vieux meubles, des luminaires, des toiles et des objets décoratifs. Ensuite, j’ai pour projet de mutualiser un lieu de travail artistique sur Rennes. Dans cette structure, il y aurait des ateliers, répartis par matériau (bois, métal, tissu,etc), une boutique de création et on organiserait des animations. Il y aurait plein de métiers complémentaires. L’objectif serait de recycler 10 tonnes de déchets la première année. On aurait un jardin partagé et on ferait notre compost. J’ai déjà un partenariat avec Emmaüs pour mon activité personnelle, on pourrait l’étendre à mon projet pour récupérer du matériel. J’ai eu plusieurs formations, notamment au micro-business. Le projet est viable mais il faudrait avoir un financement de la ville. Malheureusement, la métropole ne se mouille pas.

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© Osart. Lampe en bois de palette, table basse en bois et touret, tabouret en touret et pneu.

La ville n’a pas de projet pour accompagner les artistes ?

Justement, si. La Direction Générale a fait un appel à projet pour la Zone de la Chardonnet. Il y avait un budget de 85 000€ pour 5 ans. J’ai contacté plusieurs d’associations pour le projet de mutualisation ainsi que des artisans et des artistes, mais on n’a pas eu de nouvelles. Il y a eu aussi la Fabrique Citoyenne lancée par la ville, environ 1000 projets ont étés déposés.

Et tu trouves qu’il y a beaucoup de projets en développement durable à Rennes ?

Oui, ça bouge pas mal. Il y a notamment la Maison de la Consommation, qui a créé la Carte-OuVerte. C’est une carte interactive qui répertorie les initiatives de développement durable à Rennes et dans les alentours. Cette carte indique notamment tous les points où on peut faire de la récupération.

« Je suis un artiste autodidacte. J’ai fais plus de 40 métiers différents, là j’aimerais trouver une place où je pourrais donner mon maximum. J’essaye de faire le bien. »

Comment tu en es arrivé à faire du recyclage artistique ?

Je suis venu à l’art assez tôt, par le street art, le graff. A la base j’ai commencé la récupération pour chez moi, parce que je n’avais pas de budget à mettre dans le mobilier. J’ai relooké des meubles, principalement à la bombe de peinture. Et puis comme j’ai été électricien, j’ai fais des luminaires. Maintenant je travaille aussi des supports comme le bois de palettes, le pneu (avec un coussin à l’intérieur, ça fait des assises) ou les demi-bûches. J’utilise presque tout le temps les bombes de peinture, on peut faire plein de choses et il y a plus de 250 couleurs. Pour essayer de professionnaliser mon activité, j’ai fait beaucoup de formations : Sur la création d’entreprise, sur la trésorerie et le financement. Je suis auto-entrepreneur mais mon statut est compliqué, je suis un artiste-artisan !

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© Osart. Porte-manteaux en bois de palette, meuble customisé, tableau graff.

Tu travailles où ?

Avant, mon atelier était dans un petit local à Bressay. Maintenant je suis dans une maison à l’abandon, que je peux occuper jusqu’à la reconstruction. Il faut la vider et la relooker, lui donner un côté street art et pep’s ! J’aimerais bien en faire une boutique de création.

Est-ce que tu fais des actions de sensibilisation sur le recyclage artistique ?

Oui, j’ai participé à la Fête de la Nature. J’ai fais des ateliers au conseil général, avec des mecs en costumes. Çà s’est bien passé. J’anime aussi des ateliers pour le jeune public, je leurs fais faire du mobilier de jardin et des graffs dans la cour de l’école.

Quels sont tes projets pour le futur ?

D’abord, il y a mon projet d’espace mutualisé. Ça me prend beaucoup de temps parce que quand j’ai un projet, j’y vais à fond. Et puis je vais explorer plein de nouvelles idées. Avec une artiste couturière, on a pensé à recycler de la mousse de matelas. Il y a plein d’autres trucs à tester.

« Je vais créer jusqu’à la fin de mes jours. Et je veux créer des choses utiles. »

Pourquoi tu as choisi ce nom, Osart ?

J’ai eu d’autres noms pour le graff, mais celui là c’est l’INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle) qui l’a choisi. Je cherchais un nom pour éventuellement le déposer, je voulais un truc avec « Art » mais tout a déjà été pris. J’ai vu que Osart était libre. Ça m’a bien plu : Osart. Ça fait « Aux armes, citoyens ». Du coup c’est mon nom mais je ne l’ai même pas déposé !

Comment tu la vois Rennes, en 2030 ?

Je la vois plus ouverte. Ce serait bien que les citoyens soient au pouvoir, qu’il y ait plus d’échange, de mutualisation. En 2030, il y aura peut être une meilleure répartition du financement, avec un bureau d’étude des projets culturels et artistiques.

Pour découvrir les œuvres d’Osart, c’est par là !

Et sa page facebook 🙂

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